Ségurant ou le Chevalier au Dragon : roman arthurien inédit (XIIIe-XVe siècles)

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Resum

La première partie définit les différentes versions de Ségurant et leurs relations réciproques, en s’appuyant sur l’étude de la tradition manuscrite et en faisant appel aux outils de la philologie, de la paléographie et de la codicologie. En effet, plusieurs manuscrits de traditions différentes conservent des épisodes qui font partie de la même histoire. Nous pensons qu’il a existé un roman d’origine, démembré ensuite par des compilateurs. Des réécritures se sont greffées, par la suite, sur ce noyau, créant des versions divergentes. Nous avons recherché et recueilli tous les fragments conservés, afin de proposer un classement. Les versions sont classées sous l’angle de la réception, c’est-à-dire dans l’ordre du récit, en tenant compte des relations de cohérence ou d’incohérence entre elles.

D’après nous, le manuscrit 5229 est datable du premier tiers du xve siècle, grâce à des analyses paléographiques, linguistiques et codicologiques. Il provient sans doute de l’entourage des ducs de Bourgogne de la maison de Valois. En raison de leur cohésion et de leur orchestration savante, les épisodes romanesques de ce manuscrit forment une œuvre à part entière, au même titre que les grands romans arthuriens en prose. Ce roman, ignoré jusqu’à présent, peut être considéré comme indépendant de la structure des Prophéties de Merlin, avec lesquelles il a été entrelacé. Nous désignons l’ensemble des épisodes romanesques du manuscrit 5229 par le terme de « version de base » de Ségurant. Trente-six épisodes sont conservés par le seul manuscrit 5229. Deux autres épisodes sont conservés également dans la deuxième version de la Compilation de Rusticien de Pise et dans quatre manuscrits de Guiron le courtois. Certains de ces manuscrits sont plus anciens que le manuscrit 5229 : les épisodes sont probablement datables de la fin du xiiie siècle et proviennent sans doute de l’Italie du Nord. Nous pensons que la totalité de la « version de base » remonte à cette période, mais elle se présente dans un français commun de la première moitié du xve siècle et a probablement été interpolée par un compilateur bourguignon.

Le récit de la « version de base » présente plusieurs lacunes ou ellipses. D’autres récits s’inscrivent dans la continuité narrative de la « version de base » et poursuivent ses intrigues. Nous utilisons l’expression de « versions complémentaires » pour dénommer les versions compatibles sur le plan narratif avec la « version de base ». Une « version complémentaire » est formée par six épisodes romanesques des Prophéties de Merlin, une autre par dix prophéties sur Ségurant, conservées dans le même roman. À celles-ci, il convient d’ajouter deux épisodes « complémentaires » inédits : le premier est conservé par le seul manuscrit fr. 12599 de la BNF, le second, qui est une réécriture du premier, dans la deuxième version de la Compilation de Rusticien de Pise. De même, il existe deux versions incompatibles avec la « version de base », que nous appelons « versions alternatives », relatées par deux manuscrits tardifs de Guiron le courtois (BNF, fr. 358 et British Museum, Add. 36673) : ces versions insèrent dans leurs récits deux épisodes de la « version de base » (n° VIII et X) et réécrivent l’histoire du protagoniste, Ségurant. Toutes ces versions sont juxtaposées dans l’édition ; un diagramme narratologique permet au lecteur de suivre plusieurs parcours de lecture et de se repérer dans le dédale textuel de Ségurant.
Idioma originalFrancès
Pàgines (de-a)15-22
RevistaPositions des thèses soutenues par les élèves de la promotion de 2013 pour obtenir le diplôme d’archiviste paléographe,
Estat de la publicacióPublicada - 2013

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